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Conférence par Anita STUDER à Nancy « La biodiversité, un défi mondial ; Nordesta, le combat d’une vie. » 6 octobre à 16h

Samedi 6 octobre à 16h

Conférence par Anita STUDER
« La biodiversité, un défi mondial ; Nordesta, le combat d’une vie. »
Fac de Sciences à Vandœuvre, Amphi 8
Entrée gratuite

Nous avons le grand plaisir, pour cette conférence de rentrée de la saison 2018 – 2019, d’accueillir Anita Studer. Anita a soutenu une thèse de Doctorat à l’université de Nancy en 1995 avant de devenir chercheur associé du Museu Nacional, à Rio de Janeiro, au Brésil.
Elle vient à notre rencontre pour nous parler de ses engagements, de son combat pour défendre la biodiversité et la beauté de la nature. Elle a placé l’éducation au cœur de son action.

 Anita Studer fondé l’Association Nordesta Reforestation et Education, avec le souci d’en faire un outil au service des populations présentes sur place. Elle a reçu de nombreux prix, dont le prix « Terre des Femmes » de Yves Rocher, et le prix « Rolex pour l’Esprit d’Entreprise ».

 Elle a écrit le scénario d’une BD, une histoire féérique, Lily la fourmi de Pedra Talhada , illustrée par Stefano Boroni, afin de sensibiliser les enfants et les ados à l’environnement. Stéfano sera présent lors de cette conférence.

 Au plaisir de vous y retrouver,

 Denis et le CA

La femme qui soulevait les montagnes

La main qui plante détruit rarement ce qu’elle a planté « Anita Studer »

Les belles histoires n’arrivent que dans les contes de fées mais parfois la réalité dépasse la fiction et le merveilleux. Point n’est alors besoin d’être géant, si ce n’est dans sa tête, pour soulever des montagnes. L’histoire d’Anita Studer et de Nordesta nous le prouvent.

En 1976, l’ornithologue Anita Studer se rend pour la première fois au Brésil afin d’y étudier les nombreuses espèces locales d’oiseaux.
Cinq ans plus tard, elle aperçoit dans une petite forêt de l’Etat d’Alagoas, au nord-est du pays, un passereau rarissime nommé Curaeus forbesi par les scientifiques et Anumara par les populations locales.
Elle signale sa découverte à son directeur de recherche à São Paolo, qui convient que cet oiseau ferait un excellent sujet de recherche mais qu’il lui faudrait se dépêcher de l’étudier car le déboisement rapide de la zone le condamnait à court terme, soit neuf à dix ans, ainsi que toutes les autres espèces endémiques de la région.
C’est lors d’un survol de la région du Nordeste brésilien qu’Anita réalise l’ampleur de la catastrophe en remarquant un point vert au milieu des terres asséchées, « une île au milieu d’un désert » confiera-t-elle plus tard. Il s’agit des derniers 4.500 hectares de forêt tropicale subsistant dans cette contrée, un petit pois dans une région grande comme trois fois la France, le massif de Pedra Talhada.
Alors que chacun connaît de réputation la grande Forêt amazonienne, beaucoup ignorent l’existence de la forêt du Nordeste brésilien et pour cause, il n’en reste que des reliques. avant la colonisation européenne le Brésil possédait deux forêts primaires : l’Amazonie qui est aujourd’hui en danger, et la Forêt Atlantique humide qui s’étendait sur tout le littoral brésilien, du sud de Bélem au sud de Sao Paulo, soit sur environ 3.200 km de long pour une superficie d’un million de km². Ces 2 forêts sont séparées de nos jours par 2.000 km alors qu’elles étaient reliées par des ponts forestiers bien après la dernière glaciation, voilà moins de dix mille ans. Après 500 années d’exploitation, la Forêt Atlantique humide a été détruite à près de 96 % (99 % selon certains) et il n’en subsiste que quelques refuges, essentiellement dans le sud du pays. L’un d’eux, nommé Pedra Talhada, est situé dans le nord-est, à cheval sur les états d’Alagoas et de Pernambuco.
La forêt de Pedra Talhada est entourée de terres arides. L’horizon visible de son point culminant, à environ 1.000 m d’altitude, ne laisse paraître que des étendues de terres asséchées par le soleil durant la plus grande partie de l’année.

Anita Studer ne pouvait laisser disparaître cette forêt sans rien faire. Après une nuit de réflexion, elle décida de commencer par sauver le massif de Pedra Talhada, ce qui lui laisserait ensuite tout le temps d’étudier Curaeus forbesi.
Pour mener à bien ce projet elle avait besoin du concours de la population locale mais les premiers contacts se sont avérés difficiles car la forêt était perçue comme un site hébergeant uniquement du gibier ou des animaux dangereux. Les autorités ne voyaient cet espace boisé qu’en termes économiques, destiné au déboisement et à la chasse. Le maire de la ville de Quebrangulo, sur le territoire de laquelle se situe en partie la forêt, lui a ainsi expliqué qu’en s’engageant dans la voie de la sauvegarde des espèces végétales et animales, il perdrait les prochaines élections car une telle action n’était pas aussi concrète que la construction d’une route ou d’un hôpital. Anita Studer s’engagea alors à trouver des fonds pour reconstruire une école détruite depuis une dizaine d’années en échange de l’appui du maire.

Pour soutenir financièrement cette action, elle fonda l’Association Nordesta Education et Reforestation à Genève le 15 mai 1985.

Si pour Anita Studer la sauvegarde de cet espace naturel était fondamentale, elle ne pouvait rester indifférente au sort de la population vivant aux alentours de la réserve.
L’association Nordesta a ainsi lancé dès 1987 plusieurs programmes visant au développement socio-économique de la région de Quebrangulo par le développement de projets éducatifs pour les « enfants des rues« . Plusieurs écoles ont été construites ainsi qu’un centre d’hébergement nommé « Girasol » (tournesol) accueillant au fil du temps des dizaines « d’enfants des rues » qui y ont trouvé gîte, couvert, soins, éducation et formation professionnelle.

L’association Nordesta avait trouvé ses deux raisons d’être : l’éducation et la préservation de l’environnement.